Présentation

«Le plus petit des grands festivals de jazz !»

Voilà comment se présente le Festival de Querbes. Je ne sais pas si c’est vrai. Ce que je sais, c’est que ce festival conjugue la générosité, la littérature et la musique dans un cadre rural où les vieilles pierres tiennent lieu de décor naturel. Dans un paysage vallonné, où les prés étendent de larges échancrures de lumière, où la terre semble crouler sous le poids de la verdure, où les orages traversent le ciel comme des cavaliers de l’apocalypse, le festival se déplace d’un point à l’autre comme pour insuffler à l’ensemble des lieux l’intraitable beauté de l’art et la rigueur de la réflexion.

Trois jours et trois nuits d’une exceptionnelle densité où les mots et les notes se suivaient, s’entremêlaient, apportant ce que Césaire appelait un « supplément d’âme » à ce terroir si tellement français. Festival sans prétention, suivi par un public fervent, vrai et fraternel. Rien d’exotique mais, au contraire, le désir de rencontrer l’autre pour ce qu’il est et surtout pour ce qu’il peut apporter à la compréhension de la diversité du monde. Festival des petits moyens, du bénévolat, de l’enthousiasme, rempli d’odeurs de granges, de mines désaffectées, de figuiers et de frênes. Festival simple comme bonjour, sincère, à l’image de ces femmes et ces hommes qui, sans en avoir l’air, réalisent un miracle : celui de l’échange, du partage et de la fraternité. Querbes ce n’est rien d’autre que cela : une fête au bout des mots, au bout des notes, enracinée dans un coin de France soucieux d’entendre le pétillement du monde.

Ernest Pépin